/̵͇̿̿/'̿'̿ ̿ ̿̿ ̿̿ ̿̿💥 Guerre en Ukraine : Chanter comme acte de résistance

Publié le 19 août 2024 à 07:35

"Quand vous chantez, vous leur montrez que vous n’avez pas peur" : après avoir fui l’Ukraine, l’artiste Valeriia Obodianska a rejoint un chœur de femmes victimes de la guerre ou de l'oppression. Ensemble, elles montent sur scène pour résister dans un spectacle joué au Festival d'Avignon 2024.

 

Valeriia Obodianska est artiste et chanteuse. Elle s'est réfugiée en Pologne quand la guerre a commencé en Ukraine, en 2022.

Après le début de l’occupation du territoire ukrainien, Valeriia a trouvé dans le chant une forme de résistance contre la violence produite par la guerre et les traumatismes. Elle joue en France Mothers, a song for Wartime, un spectacle porté par un chœur de femmes ukrainiennes, mais aussi de femmes biélorusses qui ont subi des persécutions politiques et de femmes polonaises qui ont ouvert leurs portes à des réfugiées. Le tout est orchestré par la metteuse en scène Marta Górnicka, qui était venue présenter une lecture annonciatrice de ce spectacle au Festival d'Avignon 2023.

"Après le début de la guerre, je n'ai pas pu chanter pendant des mois. Ça a été un sentiment incroyable de reconstruire une vie. Lorsque nous avons commencé à chanter à nouveau, je me suis sentie coupable par rapport à mon pays en guerre. Puis j’ai compris vraiment que nous devions chanter parce que la Russie essaie de détruire notre pays, notre culture", témoigne Valeriia.

Un travail choral qui met au jour ce qui est caché

Elles viennent de Kyiv, de Soumy, d'Irpin, de Karhkiv, et sont âgées de 9 à 72 ans. Elles utilisent leur voix pour nommer les violences et les viols qui sont perpétués en Ukraine par l'armée russe.

"La Russie tue, nos directeurs de théâtre, nos acteurs, nos chanteurs. Mais lorsque nous chantons ensemble, c'est une façon de se battre. Parce que c'est, tout d'abord, une façon de protéger notre culture. Deuxièmement, vous montrez à votre ennemi : “ je suis fort, je chante encore. Je peux chanter, je peux me tenir sur mes jambes. Le chant est le processus par lequel vous pouvez transférer vos émotions de la douleur à l'amour", développe la chanteuse."


Un hommage à la tradition du chant ukrainien

Le chœur s'appuie sur des chansons traditionnelles ukrainiennes, et notamment sur le chant “Chtchedryk”. Cet air, l’on peut entendre dans le film Maman, j’ai raté l’Avion, a été composé par le chef de chœur Mykola Léontovytch, assassiné en 1921, possiblement sur ordre de la police politique russe.

Valeriia Obodianska et son chœur se sont réapproprié cet hymne très symbolique qui célébrait à l’origine le renouveau de la nature et l’arrivée du printemps.

"'Chtchedryk*' est une chanson très importante pour les Ukrainiens. En fait, tous les Ukrainiens la connaissent. Quand je chantais sur scène, j'étais si incroyablement heureuse, je me sentais si puissante, comme si j'avais un petit soleil en moi,* explique-t-elle. Quand j'ai vu ces gens, le soleil est devenu si grand, si grand, si grand, si grand. Alors, bien sûr, oui, la chanson est une chose très puissante, surtout pendant la guerre. Parce qu'ils veulent que nous soyons tristes, ils veulent que nous nous sentions terrifiés. Mais quand vous chantez, vous leur montrez que vous n’avez pas peur, que vous êtes toujours là."

RADIO FRANCE Par Diego Caparros
Publié le jeudi 18 juillet 2024

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Commentaires

Bruno ALTMEYER
il y a un mois

La chanson comme acte d’opposition et/ou de résistance...